La République et la laïcité, un lien à réaffirmer par le président de la République
En réaction au discours du président de la République prononcé devant la conférence des évêques de France le 9 avril 2018, la Ligue de l’enseignement rappelle son attachement au respect des principes de la loi de 1905.
La Ligue de l’enseignement s’attache à bien lire et faire lire cette loi républicaine fondamentale qu’est la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905. Après 1905, les cultes ne sont ni interdits, ni réduits au silence. Ils ont un statut de droit privé expressément défini par la loi de 1905. Dans ce cadre, les cultes ont une légitimité fondée sur leur représentativité. Ils se voient garantir la liberté d’expression qui est celle de toute la société civile. Et ils n’ont jamais hésité à en user. La séparation n’est pas l’ignorance, la République laïque permet le dialogue et les cultes participent au débat public. Le président de la République a ainsi répondu le 9 avril dernier aux deux questions traitées par le président de la conférence des évêques : la bioéthique et les migrants. « Le lien entre l’Église et l’État » n’est donc nullement abîmé et n’a donc pas à être « réparé ». Si on s’en tient à la lettre du discours d’Emmanuel Macron, les principes de la loi de 1905 sont respectés. La Ligue de l’enseignement a toujours résolument œuvré pour qu’ils le soient.
Ce discours reste pourtant équivoque. Moins dans sa lettre que dans son esprit. Pourquoi demander aux seuls catholiques de s’engager en politique ? Et si le président de la République s’adressait tout simplement à tous les citoyens ? Alors qu’un grand discours à la nation sur la laïcité est attendu depuis déjà quelques mois, c’est dans des espaces communautaires que le président de la République s’exprime. Sa prestation au collège des Bernardins, haut lieu de l’indéniable réaffirmation culturelle catholique, renvoie à sa présence à l’Hôtel de Ville de Paris avec la Fédération protestante de France lors des 500 ans de la Réforme, en septembre 2017 ; au dîner du Conseil français du culte musulman (CFCM) en juin 2017 ; ou à celui du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en mars 2018. Des exemples parmi d’autres. Ces expressions présidentielles visent des publics spécifiques. Faut-il voir là l’esquisse d’une gestion communautaire des défis posés par la société actuelle ? Parmi ces défis, la réduction des inégalités sociales insupportables qui sont à l’œuvre dans notre pays et qui sont contraires à nos valeurs. Pour la Ligue de l’enseignement, « ce n’est pas la diversité culturelle qui menace l’unité de la société, c’est l’inégalité persistante et croissante des conditions et des discriminations[1] ».
En conséquence, c’est bien le lien entre République et laïcité qu’il faut, non pas réparer, mais réaffirmer.
[1] Voir notre publication « La laïcité, une émancipation en actes » (avril 2017)